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Immigration, fin de vie… À Marseille, Macron rattrapé par les messages politiques du pape François

Par Arthur Berdah, Le Figaro.

Douzième visite d’Emmanuel Macron en sept ans ; première visite d’un Pape depuis cinq cents ans. Samedi matin, à Marseille, le président de la République et la première dame ont accueilli ensemble le souverain pontife, au deuxième jour du déplacement du Saint-Père dans la cité phocéenne. Le long du tapis rouge installé pour l’occasion, le chef de l’État a d’abord tendu le bras au primat d’Italie, pour l’aider à se déplacer sur quelques mètres, puis il l’a laissé s’installer dans son fauteuil roulant.

Après avoir assisté à la séance conclusive des «Rencontres méditerranéennes» – un cycle de conférences consacré aux enjeux climatiques et migratoires -, le locataire de l’Élysée s’est retiré pour un entretien en tête-à-tête avec l’évêque de Rome. Après déjà trois échanges au Vatican depuis 2017, les deux hommes ont cette fois pu profiter d’un décor à nul autre pareil : le somptueux Palais du Pharo. Niché en surplomb du Vieux Port, cet imposant monument séculaire, bâti par Napoléon III, offre depuis ses jardins et ses étages une vue imprenable sur le littoral ensoleillé de la deuxième ville de France.

Des discussions en écho avec la situation à Lampedusa et dans le Haut-Karabakh

C’est là, entre la Cathédrale de la Major et la Basilique Notre-Dame-de-la-Garde, sous le regard protecteur et bienveillant de la «Bonne mère», que la discussion à huis clos s’est engagée, pour durer entre 30 minutes et une heure. «On est sur un dialogue qui est suivi entre (eux). (…) Ils ont traditionnellement des échanges sur les grands sujets internationaux du moment», prévenait-on à l’Élysée, quelques jours avant la rencontre. «Ils parleront bien évidemment de la situation en Ukraine, et ils devraient parler de la situation au Sahel. Leurs derniers entretiens les ont amenés à échanger sur le Liban, sur la situation en Haïti», ajoutait-on de même source.

Sans savoir alors qu’une énième offensive meurtrière de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh finirait par contraindre l’Arménie à rendre les armes dans l’Artsakh. Sans imaginer non plus l’ampleur que prendrait bientôt la situation à Lampedusa, où plus de 11.000 clandestins venus d’Afrique ont débarqué en quelques jours à peine, submergeant la petite île située au large de la Sicile. Précisément celle que le successeur de Pierre avait choisie pour son premier déplacement après son élection, en 2013.

Marseille, incarnation du «en même temps» théorisé par le pape

Il faut dire que le Pape François a fait de la question migratoire l’une des priorités de son pontificat. Avec une approche radicalement différente de l’ambition affichée par Emmanuel Macron pour son quinquennat. Alors que le gouvernement lorgne à droite pour faire adopter un texte visant à faciliter les expulsions, le lointain successeur de Pierre a profité de son discours pour inviter les pouvoirs publics à «accueillir» et «intégrer».

Dénonçant la «propagande alarmiste» des «nationalismes archaïques et belliqueux», il s’est appuyé sur une forme de «en même temps» pour tenter de répondre aux inquiétudes sur le sujet : «Marseille est une ville à la fois plurielle et singulière, car c’est sa pluralité (…) qui rend son histoire singulière». «Ceux qui se réfugient chez nous ne doivent pas être considérés comme un fardeau à porter ; si nous les considérons comme des frères, ils nous apparaîtront surtout comme des dons», a-t-il poursuivi. Et d’ajouter que «la solution n’est pas de rejeter, mais d’assurer, selon les possibilités de chacun, un grand nombre d’entrées légales et régulières, durables grâce à un accueil équitable de la part du continent européen, dans le cadre d’une collaboration avec les pays d’origine».

Une diatribe contre le «faux droit au progrès»

«Il y a une véritable convergence sur le fait de chercher des solutions au niveau européen à ces questions et dans un partenariat plus large avec les pays de départ», soutenait-on d’ailleurs récemment à l’Élysée, où l’on considérait qu’il «ne faut pas chercher les oppositions permanentes» avec le Vatican. Il n’empêche, la distinction que les conseillers présidentiels esquissent entre «la politique et la spiritualité» s’est fracassée sur un autre projet de loi de l’exécutif, où se confondent justement «le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel» : le texte à venir sur la fin de vie, qui prévoit notamment d’autoriser le suicide assisté.

«Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d’être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ?», a feint d’interroger le Pape François, dans une diatribe sur le «faux droit au progrès». Une question rhétorique, à laquelle Emmanuel Macron n’a sans doute pas répondu.

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